Le roman du cannabis, Origines, évolutions et usages
EAN13
9782815960328
Éditeur
Editions de l'Aube
Date de publication
Collection
Monde en cours - Essais
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Le roman du cannabis

Origines, évolutions et usages

Editions de l'Aube

Monde en cours - Essais

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Le roman du cannabis dévoile les origines de cette plante, son évolution dans
les usages des personnes ainsi que dans l'opinion publique au fil du temps. Au
XIXe siècle à Paris, Moreau de Tours, un savant qui a parcouru l'Orient
pendant des années, expérimente les effets d'une plante appelée "haschisch"
sur des artistes locaux et observe les états de transe dans lesquels elle les
plonge. Il n'est pas le premier. Le plus ancien manuel pharmaco-botanique
chinois décrit déjà ses effets thérapeutiques. Elle est également présente
dans les mythes et rituels religieux de différentes cultures. Pourtant, elle
fait l'objet de restrictions très tôt (dès le XIVe siècle en Orient). Le
premier à l'étudier est un médecin irlandais, William Brooke, sur des animaux.
Leurs réactions ainsi que celles des patients humains qui suivront
démontreront les vertus analgésiques et sédatives de la plante. Le docteur
Moreau suivra le pas et tiendra son "club" d'artistes venus tester cette
découverte aux effets surprenants. À la fin du XIXe siècle, le cannabis a sa
place dans la pharmacopée occidentale mais durant un temps seulement. N'étant
pas soluble, il se fait dépasser par d'autres substances et retourne à sa
condition de drogue exotique.Dans les années 1930 et 1940, cette drogue
appréciée des migrants mexicains et des jazzmen fait l’objet d’une intense
répression aux États-Unis. Au départ, la marijuana n'est pas connue des états-
uniens et des autorités sanitaires occupées avec la cocaïne. C'est l'Égypte
qui est la première à interdire la production et la consommation de cannabis.
Les États-Unis, qui sont alors dans une période de répression, voient l'usage
récréatif du cannabis se répandre et vont peu à peu à leur tour également
l'inclure dans les substances à interdire. Le chef du Bureau fédéral des
stupéfiants, Harry Anslinger, fait de la marijuana une affaire personnelle.
Agents infiltrés, surveillances, campagnes de propagande qui a pour effet de
stigmatiser la poputation latine, tous les moyens sont bons pour endiguer le
phénomène. Plus tard, ce sont les jazzmen qui deviennent leurs cibles
principales lorsque la Nouvelle-Orléans devient la nouvelle cible du Bureau.
Les musiciens ne cachent pas leur fasciniation et consommation pour cette
drogue qui est souvent le titre d'un de leurs morceaux. Une nouvelle solution
pour criminaliser ce commerce sera finalement adoptée : la taxation.À partir
des années 1960, le cannabis ne cesse de gagner en popularité auprès des
artistes et d’une partie de la jeunesse. Pour les scientifiques, elle reste
une inconnue, du moins jusqu'en 1964, date à laquelle Raphael Mechoulam, un
chimiste israélien établira la structure chimique du THC, principal composé
psychoactif du cannabis. Si les artistes de rock, le sous-entendent ou
utilisent des métaphores pour en parler, ceux de reggae ne prennent pas de
pincettes et véhiculent cette image d'herbe inoffensive aux vertus multiples.
En France comme aux États-Unis, les autorités s’en inquiètent, mais peinent à
enrayer le phénomène. En 1961, soixante-treize pays ont voté la convention
unique sur les stupéfiants, qui a placé le cannabis dans le tableau des
substances les plus dangereuses et sans utilité médicale, mettant les drogues
"douces" et "dures" au même niveau. En France, c'est un fait divers qui
relance le débat sur les stupéfiants, lorsqu'une adolescente meurt des suites
d'une overdose. L'usage des drogues est finalement pénalisé sans distinction
aucune et donc cannabis inclus.Dans les années 1970, alors que la consommation
de cette drogue devient de plus en plus massive malgré les interdictions, les
Pays-Bas innovent en ouvrant la voie de la légalisation, à travers des
boutiques spécialisées. Un festival "Holland Pop" réunit 100 000 festivaliers
dont 2/3 de fumeurs. Un accord est trouvé avec les autorités : faire de cet
évènement un lieu d'expérimentation à grande échelle. L'évènement est un
succès : aucune violence, pas de morts ou de bagarres etc. L'état néerlandais
en prend très vite note. Il sait que le territoire est confronté à une
explosion de l'offre et que les autorités sont dépassées. Un changement de
législation s'impose. L'offre de drogue est alors encadrée par le biais des
coffee shops spécialisés. La question de l'approvisionnement devient bientôt
une nouvelle préoccupation centrale dans ce contexte et le Maroc va devenir
l'un des principaux exportateur.Dans les années 1970 et 1980, la région du
Rif, dans le nord du Maroc, s’impose comme une plaque tournante du trafic à
destination de l’Europe. La « géopolitique » de ce commerce en pleine
expansion évolue en profondeur. En 1992, le commerce du cannabis, avant toute
transformation, représente un chiffre d’affaires de quelque 2,64 milliards en
euros. La réputation de l’herbe marocaine n’est plus à faire : cultivée sur au
moins 50 000 hectares à travers le pays, elle est considérée comme la
meilleure au monde. Le pouvoir en place mis sous pression par les États
européens, veut lancer une lutte sans merci contre ce trafic et inciter les
agriculteurs à réorienter leurs activités, mais cette lutte échoue. L'argent
du cannabis nourrit déjà trop de monde.Dans les années 2010, l’autorisation
des usages thérapeutiques puis récréatifs du cannabis dans un certain nombre
de pays a provoqué l’émergence d’entrepreneurs de la « weed ». Aux États-Unis,
une quarantaine d'états ont franchi le pas et accepté l'intérêt thérapeutique
du cannabis (encadré toujours). Une génération de self-made-men s’est lancée
sur ce marché en cultivant une image positive, vantée par des artistes.
L'Europe et ses 22 millions d'usagers est une cible de choix pour ceux qui
veulent développer ce business. La France, premier pays consommateur en Europe
avec cinq millions d’adeptes, est le débouché privilégié du cannabis en
provenance du Maroc. C’est aussi l’une des dernières nations européennes où
l’usage médical n’est pas encore autorisé. Simon Piel est jounaliste société
pour le journal Le Monde, il a écrit en 2019 avec Joan Tilouine son premier
livre chez Stock L'Affairiste.Thomas Saintourens est journaliste indépendant.
Il collabore avec plusieurs journaux et magazines sur des sujets de société.
Il a écrit plusieurs livres dont Quand j'étais superman en 2011 chez Robert
Laffont avec l'ancien rugbyman Raphaël Poulain et Le Maestro chez Stock en
2012.
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