Avant que le coq chante

Cesare Pavese

Gallimard

  • Conseillé par
    14 juin 2020

    Pavese est romancier et poète. Chez lui, les lieux sont presque des personnages. Corrado, le héros de "La maison dans la colline", vit réfugié dans les douces collines qui surplombent Turin, n’en descendant que rarement. Autour de lui, des partisans, les femmes qui l’hébergent, et Cate, son amour de jeunesse resurgi avec son fils. Nous sommes dans les années 40, les bombardements nocturnes font rougeoyer la ville, mais les collines semblent un monde préservé. Jusqu’à ce que l’Histoire -en l’occurrence, la chute de Mussolini- pousse les hommes à s’affronter plus durement. Corrado est peut-être le double de l’auteur, à qui on a reproché de ne pas s’être engagé dans la résistance. C’est un personnage d’entre-deux, pris entre partisans et fascistes, refusant de choisir malgré ses amitiés dans la résistance. Père sans en assumer la pleine responsabilité ; jouant un jeu parfois cruel avec son ancien amour. Ne choisissant jamais vraiment. Attentif non pas aux êtres mais aux joies sensuelles du monde, ces merveilleuses collines qui l’accueillent puis le chassent. Il cherche alors un lieu sûr, clos, loin des clameurs du monde.
    C’est peut-être la grande (re)découverte de ce roman : que le monde est, à la fois, lieu de terreur et de tendresse, de désolation et de beauté. Et que les Hommes y sont pour quelque chose.

    Frédéric