Les amandes amères, roman

Laurence Cossé

Gallimard

  • Conseillé par
    9 décembre 2011

    Edith, la quarantaine, mariée et mère de famille est traductrice. Elle mène une existence confortable à Paris. Afin de rendre service au départ, elle emploie Fadila pour quelques heures de repassage par semaine. Fadila âgée de soixante-cinq ans est d’origine marocaine et analphabète. Un handicap pesant, contraignant et humiliant. Quand Edith le découvre, elle décide de lui apprendre à lire et à écrire.

    La vie quelquefois permet des rencontres entre des personnes de mondes différents. Quand je parle de rencontre, ce n’est ouvrir sa porte à la femme qui vient effectuer le ménage chez vous et lui adresser un bonjour poli mais distant. Non, je parle de chercher à connaître l’autre et de dépasser les barrières visibles ou invisibles. Ne pas savoir lire et écrire notre langue est un handicap quotidien.Quand Fadila accepte qu’Edith lui apprenne à lire, elles s’engagent toutes les deux dans une aventure profondément humaine. Sous des aspects un peu rigides, Edith pleine de bonne volonté se renseigne sur les différentes méthodes d'apprentissage. Elle appréhende de ne pas savoir s’y prendre, d'échouer ou de blesser Fadila. Car Fadila a une forte personnalité et de l’orgueil. La méfiance du départ s’estompe petit à petit. Au fil des semaines puis des mois, Fadila accepte de s’ouvrir un peu plus à Edith et de lui raconter sa vie. Sa jeunesse soumise au poids des traditions marocaines, ses mauvais maris, les enfants et l'exil en France. Mais, apprendre les bases se révèle plus compliqué que prévu et Fadila a d’autres soucis. Familiaux et matériels. Même si elle se sent souvent découragée par le manque de résultats, Edith persévère. Ce pari un peu fou les rapproche. L’apprentissage des mots devient le trait d’union entre Edith et Fadila.

    Une forme d’amitié singulière sans effusion de tendresse ou de grandes embrassades se révèle dans l’écoute, dans la persévérance à vouloir aider l’autre. Elle peut se déceler aussi dans un regard reconnaissant et sincère. C’est ce que nous raconte également Laurence Cossé.

    J’ai été émue par ces deux femmes dont leurs trajectoires se croisent ! Dans une écriture tout en finesse et très sobre, Laurence Cossé instaure une passerelle entre ses personnages et le lecteur. Et Fadila ou Edith pourraient être deux personnes que l’on vient de croiser dans la rue. Ce roman donne envie d'aller de l'avant et vers les autres car donner sans attendre un retour est tout simplement merveilleux !

    Tout au long de ma lecture, j’ai pensé au témoignage de Bertrand Guillot "B.a. –ba la vie sans savoir lire". Un seul conseil : lisez-les deux !!!