Pascale B.

Conseillé par
19 août 2022

Les aventures de Tom Sawyer

Assistant à ses propres funérailles, Liwa revisite son passé.
Orphelin et de père inconnu, il a grandi chez sa grand-mère Mâ Lembé.
Au gré de ses rencontres avec les morts qui gravitent autour de lui et où chacun y va de son histoire, de sa version du monde ; il évoque son enfance près de Brazzaville. Le lecteur traverse les scènes de l’enfance d’une âme perdue accédant à la petite criminalité puis à l’espoir d’intégrer Ferrandi…

Qui mieux qu’Alain Mabanckou peut nous conter Pointe-Noire ?... Écrivain engagé romançant la réalité avec une sobriété désarmante mais ponctuée d’anecdotes cocasses ; mais orientant vers le changement, l’indépendance, sans jamais oublier la lutte des classes dans une société magico-religieuse où la sorcellerie et les superstitions ont encore un fort impact sur la vie des hommes.

Parti pris d’animer les morts, retour de Liwa dans le monde des vivants afin de se grandir pour l’éternité. Une histoire qui finit bien.

« Il y a des jours où je sens que la mort a honte de moi »
« Dans un cimetière, il y a autant d’histoires que de tombes »

Nadia Yala Kisukidi

Seuil

20,00
Conseillé par
19 août 2022

« Je ne suis pas un corps mais un esprit »

Coup de cœur pour ce premier roman mêlant réalité et illusion avec enchantement et générosité.
Affublée à 20 ans d’une taille réservée à l’enfance, une naine prend l’oseille et trace sa route vers « l’université des idées » maniant l’art de la dissociation. Quand son corps devient une ombre, ses pensées naviguent.
Véritable épopée riche en rencontres : Un cafetier vieillissant et frustré ; Luzolo, artiste et théoricien vivant de l’art tout en le méprisant dans une communauté de rêveurs ; Andrée qui tient l’alcool et a l’amour engloutissant ; Les indépendants de la cité opaque ; le peuple des souterrains …
Nadia Y.K a un vrai talent de conteuse, sa narration est ponctuée de remarques, notes et fables. D’une écriture phrasée, hachée, elle nous révèle la poésie de l’imaginaire dans une histoire captivante pleine de révoltes et d’insurrections.

« Ma tête est un champ de bataille »
« Les idées nous secouèrent comme des coups de bêche »

Kinga Wyrzykowska

Seuil

20,00
Conseillé par
19 août 2022

L’étranger syrien

C’est l’histoire d’une famille de nantis contactée par Feras, un demi-frère syrien qui veut rejoindre la France.
Découvrant la bigamie de leur père, la vie fratrie chancèle : Paul revenu d’un coming out ; Clothilde et sa peur de mourir, étouffant dans sa vie ; Samuel à la sexualité contrariée et dont la femme n’assume ni la grossesse ni la maternité. Puis leur mère qui refuse de vieillir et se cloître à la campagne, hantée par le souvenir de sa sœur ; des petits enfants résignés…
Kinga met l’accent sur l’obsession de Paul à trouver la parade, la solution optimale pour évincer ce demi-frère ; elle nous révèle les faiblesses et la paranoïa d’une famille en alerte
Une réussite que ce premier roman, d’une écriture parfois pêle-mêle, nerveuse, induisant l’intérêt du lecteur sur l’anesthésie d’une famille inatteignable et portant un regard tendre sur la vieillesse.

Conseillé par
19 août 2022

Famille altérée par la guerre

La mère de Tarek est veuve, muette, accepte d’allaiter Saïd à sa naissance. Les deux garçons grandissent ensemble « à la vie, à la mort ». Puis, Saïd part à la guerre, un jour sans fin qui dure 3 ans ; Tarek reste au village en tant que berger. Leur amour s’appelle Leila et la romance qui entoure ces trois destins est marquée par l’histoire de l’Algérie.

Le vent mauvais se répand : la peur de l’islamisme, le mépris pour les Nord-Africains au combat, l’apparente trahison qui touche Tarek et Leila ; dans un pays avide d’indépendance.

Récit émouvant, fluide à la lecture, dont les protagonistes captivent l’attention.

« Nous tairons les cauchemars et ferons mine d’ignorer que le pays tout entier a basculé dans l’horreur »

Conseillé par
19 août 2022

Mickey croise et décroise les doigts

1942-1944
Parcours de six petites filles à travers la déportation, petites cousines de Cloé Korman.
Les sœurs Korman et les sœurs Kaminsky sont le résumé d’une jeunesse dont les parents ont été déportés, orphelines ballottées entre camps de concentration véritables villages fantômes ; Vél d’Hiv ; nourrices clandestines ; tentatives d’évasion.
D’autres femmes, personnages clés et belles rencontres, croiseront ces enfants sans repères dans l’épreuve, fratries souvent séparées par des centres de tri.

Ceux-sont les portraits qui donnent corps au récit, témoins d’un désastre humain.
L’auteure alterne son présent avec les pérégrinations de ces petites cousines qu’elle reconstitue fragment par fragment, lettre après lettre, suivant leurs pas jusqu’à leur séparation.

Bien que maîtrisée et fortement documentée, l’écriture dense manque de fluidité pour le lecteur.
Roman amer et sensible, très personnel … pour ne pas oublier…

« Certaines histoires sont comme des forêts, le but est d’en sortir »
« En route demain pour une déportation d’enfants modèles avec bonbons, petites paillasses et docteur dans chaque wagon »