Communalisme andin et bon gouvernement, La mémoire utopique de l'inca Garcilaso
EAN13
9782377292349
Éditeur
Libertalia
Date de publication
Collection
LIBERTALIA
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Communalisme andin et bon gouvernement

La mémoire utopique de l'inca Garcilaso

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Au XVIe siècle, le Tawantinsuyo, immense « empire » inca établi sur les Andes,
s’effondre sous les coups de l’envahisseur espagnol. Moins de cent ans après
les débuts de la colonisation, la plus grande construction socio-politique
précolombienne est vaincue. Avec la fin de l’hégémonie inca, c’est toute une
culture du « bon gouvernement » qui est réduite au silence – silence qu’un
auteur tentera d’annuler dans ses écrits. Durant ces mêmes années naît en
effet Gómez Suárez de Figueroa, qui prendra, plus tard, le nom mieux connu
d’Inca Garcilaso. L’enfant est métis : son père est un capitaine de l’armée
expéditionnaire tandis que sa mère est membre de l’élite inca – statut méprisé
par la hiérarchie nouvellement imposée. « L’impureté » de l’enfant et de sa
mère est la première rencontre du premier avec une injustice qu’il tentera de
corriger dans ses écrits. L’Inca Garcilaso, depuis l’Espagne où il émigre,
rédige durant sa vie plusieurs textes dont l’un, les Commentaires royaux sur
le Pérou des Incas, aura beaucoup d’influence sur les réformateurs sociaux et
révolutionnaires des siècles suivants. Il y décrit le gouvernement du
Tawantinsuyo avant la colonisation, celui-ci caractérisé par un ensemble de
lois et de principes limitant la propriété et favorisant la redistribution des
richesses entre tous en vue de subvenir aux besoins de chacun – structure
socio-politique que d’aucuns considéreront plus tard comme un « communisme
primitif ». Ces quelques principes, Alfredo Gomez-Muller s’attache à les
historiciser, montrant la part d’imaginaire présent dans les écrits de l’Inca
Garcilaso. Mais l’auteur le rappelle : l’imaginaire fait partie du projet, et
rémunère la mémoire utopique des Commentaires royaux au même titre que les
faits historiquement avérés. C’est cette mémoire que la deuxième moitié de
l’ouvrage déploie. Au XVIIIe siècle, le « bon gouvernement » inca est l’objet
de railleries autant que de louanges de la part des élites culturelles
européennes – alors, « la nouvelle utopie est incaïque », écrit en ce sens
Gomez-Muller. Édité un siècle après L’Utopie de More, le texte de l’Inca
Garcilaso trouve un même accueil dans les arts et dans la prose des
philosophes. Aux XIXe et XXe siècles, les tenants du socialisme et leurs
opposants prennent la suite des réformateurs. Pour les uns, l’exemple inca
fait preuve d’antimodèle au capitalisme qu’il convient de construire ; pour
les autres, c’est vers les principes andins qu’il faudrait tendre, y
reconnaissant des précurseurs. Tous prennent appui sur les Commentaires royaux
pour bâtir leurs arguments. Ainsi, de Cabet, à Mariatégui, en passant par Rosa
Luxemburg, les révolutionnaires européens et péruviens renouvellent la mémoire
utopique offerte par l’Inca Garcilaso. Le « communisme inca » devient un lieu
commun de la pensée socialiste – lieu commun aujourd’hui oublié. L’ouvrage a
paru au Chili (LOM) et en Argentine (Tinta Limón) en 2021 sous le titre La
memoria utópica del Inca Garcilaso. Comunalismo andino y buen gobierno. La
traduction en français est l’œuvre de l’auteur. Alfredo Gomez-Muller est
professeur d’Études latino-américaines et de philosophie à l’Université
François-Rabelais de Tours. Il est notamment l’auteur de Nihilisme et
capitalisme (Kimé, 2017) et Le Post-colonial en Amérique latine (Kimé, 2016).
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